I Avant-propos I - I Avant-hier I - I D'hier à aujourd'hui I -I Journée du bergerI - I Histoires de artzaina I-I sommaireI I fabrication du fromage I


Avant-propos

Voilà cinq milles ans qu'il parcourt la Soule à travers la montagne. Du chasseur nomade, il s'est sédentarisé et avant de pratiquer l'agriculture il est devenu pasteur. Il a repris ces pistes millénaires qui deviendront plus tard des voies romaines, des cami salliers et des chemins de st Jacques.

Artzainak le berger : À l'origine, « ardi zain » gardien de brebis.

Ses ancêtres lui ont tracé le chemin, et maintenant, il remonte tous les ans reprendre possession du milieu.

Comme ses aînés, ils s'installent aux « olhak » pour reproduire les mêmes gestes.

Seuls les instruments ont changé !

Le modernisme l'a rattrapé, mais peut-on lui reprocher de vivre avec son temps ? ...

 

AVANT HIER

Au tout début, le chasseur prédateur vit en osmose avec la nature. Chasse et cueillette font parties du quotidien, de son cadre de vie. Il suit le gibier dans ses grandes migrations. 10000 ans avant notre ère, la modification du climat va entraîner une transformation du site. Le relèvement du niveau des océans par la fonte des glaciers modifie le tracé des rivages et du relief. Le paysage végétal passe de la prairie à la forêt, les cervidés remplacent les rennes et les bisons Cette période appelée mésolithique est la transition entre le chasseur nomade et l'éleveur sédentaire. Des fouilles dans les Arbailles témoigneront de l'existence de cette civilisation dans notre région

Le NÉOLITHIQUE :

De la pierre polie à la fabrication des premières poteries naîtra la métallurgie. Cette révolution du Néolithique atteindra le pays Basque vers 3000 ans avant JC. Le chien y est connu et domestiqué depuis longtemps. Ce sont les premiers troupeaux d'ovins et de caprins puis de bovidés qui amèneront une grande transformation dans le mode de vie. Nous sommes à l'origine du pastoralisme, des premiers bergers appelés ici ARTZAINAK

Riche se dit aberatz en basque, et signifie : « celui qui a le bétail » Ceci démontre l'ancienneté de la langue, mais aussi l'importance de l'élevage dans ces temps reculés. Le bétail est une réserve de viande mais aussi de lait. Le fromage sera une invention extraordinaire par la possibilité de la conservation, mais aussi par la facilite du transport. Cette révolution entraînera de profondes modifications des habitudes sociales ainsi qu'une augmentation de la démographie montagnarde. Agriculture et pastoralisme vont se développer en même temps, mais l'élevage demeurera essentiel. Le berger laissera les terres basses à l'activité agricole, et ainsi débutera les premières transhumances. Il reprendra les sentiers parcourus autrefois par ses descendants , des chemins qui deviendront plus tard les « camins saliers », « voies romaines", « chemins de st Jacques »Cette transhumance , essentiellement dans le sens nord-sud a été l'occasion pour ces hommes de transporter les produits de leur élevage et de leur production. On retrouve encore aujourd'hui la même race ovine et bovine du sud-Ouest de l'aquitaine à l'Espagne et au nord du Portugal (j. m de Barandiaran)

Le berger utilisera pendant longtemps les grottes comme abris. La transhumance lui imposera la construction de refuges provisoires. Les tous premiers appelés « tertres » sont encore visibles dans les hauts pâturages. Il s'agit de buttes de terre d'environ 10 à 18 mètres de diamètre sur 1 à 2 mètres de haut. Souvent construis sur des terrains en pentes, leurs surélévations favorisaient l'écoulement de l'eau. De nombreux « Olhak» actuels sont construits sur d'anciens tertres. Il ne reste rien de ces abris, si ce n'est que des traces de poteaux. L'abri pouvait être construit de branchages et de peaux, de torchis ou de mottes d'herbe. Ces constructions refaites chaque année se situent principalement en pays basque nord. Sur le versant espagnol, cet édifice semble plus mal connu. Peut-on penser que la différence de climat ne justifiait pas de telles constructions ?…

Le berger dès cette période utilisera semble-t-il des ustensiles en bois , pour l'élaboration du fromage , mais aussi pour la vie courante dans le «olha».

Bouleau, buis et pin étaient les essences utilisées pour la fabrication des ustensiles. On utilisait le bouleau et le buis pour les récipients et cuillères, et le pin à crochet pour le « zorzia » (plateau à fromage). Ce dernier faisait partie du travail de l'apprenti berger à la montagne, c'était dit'on son examen final avant de devenir berger.

Toute fois, des morceaux de poterie ont été retrouvés dans des fouilles de tertres. L'utilisation du bois s'explique par rapport à la fragilité de la terre cuite, et sa légèreté lui permet une manutention aisée. La méthode de chauffe est l'utilisation de pierre d'ophite (ezne gasnia) chauffées au feu et mises en trempe dans le lait se trouvant dans le récipient en bois.

D'après Mr Jacques Blot, il existait plusieurs pierres de grosseurs différentes, et selon la quantité de lait à faire cuire le berger mettait les pierres calibrées en conséquence. La chauffe par « ezne gasnia » donnait un petit goût de « cramé » au fromage (Expérience de Mr Bouchet).

Isolés six mois sur douze au milieu d'une nature sauvage et hostile, les bergers ont élaboré un monde surnaturel ou se mêlent croyance et légende. C'est l'origine des Laminaks, Basajaun seigneur des montagnes et des forêts, de Mari, protectrice des bergers et reine de toutes les divinités.

De ces temps lointains, Dolmens et cromlechs sont parvenus jusqu'à nous. Monuments funéraires ils ont traversé le temps et sont le seul héritage de nos aïeux avec la langue.

La transmission orale nous a apporté des noms d'origine très lointaine. L'exemple des outils tranchants comme la hache « aizkora » le couteau « aiztoa » ou les ciseaux « aitzurrak » ont tous la même racine « aitz » qui en Basque signifie : pierre . De même, des noms d'origine basque se trouvent bien loin des limites actuelles. Tout laisse supposer que « artzainak » a laissé son empreinte sur un territoire beaucoup plus vaste que le pays actuel .

Dolmens et cromlechs ont traversé le temps, résisté aux invasions mais malheureusement pas aux voleurs de tombes. Le dolmen est peu fréquent en Soule (seulement 8 dont 3 en forêt des Arbailles). Parfois recouvert d'un monticule de terre ou de pierre, il fut remplacé par le cromlech (baratz). Ces nouveaux monuments à incinération seront eux aussi érigés sur les pistes pastorales, mais à des altitudes supérieures. Ceci peut signifier un pastoralisme évolutif quant à l'occupation du milieu, mais aussi à l'intensification de la pratique. Ces monuments se trouvent sous trois aspects : Le cromlech, le tumulus cromlech ou le tumulus simple. De manière générale, ils sont situés en versant est (adoration au soleil). Un cercle de pierre (péristalithe) peut entourer le tumulus de pierre ou de terre. Au centre étaient placées les cendres du défunt, à même le sol ou dans un petit coffre. Le petit nombre de monuments peut-il signifier qu'il était réservé à une certaine catégorie sociale ? ( chef de tribu ou de clan)

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 D'HIER À AUJOURD'HUI

 Suite à la paix romaine succèdent les invasions des Alains, Suèves et vandales. On retrouve les traces du peuple basque dans les écrits de Grégoire du Tours (né en 538)

« Quant aux Vascons, ce précipitant hors de leurs montagnes, ils descendent dans la plaine, dévastant vignes et champs, incendiant les maisons et enlevant plusieurs captifs avec leurs troupeaux » .

On retrouve là un des premiers écrits de l'époque. Est ce nos ancêtres les bergers ? .Peu de commentaires sur la vie pastorale, peu de traces de cette période. On pense que son rythme de vie aura peu évolué.

La religion aura beaucoup de mal à convertir ces gens aux croyances paganismes et animistes. Le relief montagneux et sauvage sera pour « Artzaina » une protection naturelle contre les envahisseurs. Le savoir faire traversera le temps avec sûrement peu de changement sur le rythme de vie. La datation au carbone 14 et à la thermoluminescence situe quatre tombes de type protohistorique à la période entre 850 et 1150 après JC (travaux de J Blot). « ARTZAINA » s'adaptera aux temps, préservera sa langue, ses traditions et petit à petit mettra en place un système pastoral unique en Europe basé sur la communauté et la démocratie.

Des les temps reculés, la transhumance instaure une certaine réglementation. Des communautés pastorales vont se mettre en place. L'origine de ces communautés reste mystérieuse, mais certains spécialistes pensent à un système « tribal ».

Actuellement les « olhak » (cabanes) rassemblent plusieurs copropriétaires (Eskantola 22 copropriétaires) dispersés dans le canton de Soule. À l'origine, étaient-ils membres de la même communauté ? …

Autre fait original, est membre de la copropriété la maison « etxe »,et non les habitants de celle-ci. L' «olha» Souletin est un syndicat à vocation pastorale et fromagère. Cette institution existait probablement bien avant le seizième siècle, époque où fut mis en place le «droit du cayolar».(la coutume de la Soule de Michel Grosclaude)

Nous avons en fait un groupe de bergers, qui en période de transhumance estivale font troupeau commun, et assurent à tour de rôle le soin et la traite.

C'est pour la fête de l'Annonciation que se retrouvent les bergers dans une réunion appelée « artzainbide » (chemin du berger). Quelques « olhak » la tiennent également courant avril, à « igante xuria », le dimanche blanc , huit jours avant rameaux.

Cette réunion se passe autour d'une bonne table dans un restaurant de basse Soule. Elle a pour but la préparation de la montée à l'estive. Certaines décisions sont prises comme l'écobuage (ou, qui ,quand), l'entretien des « olhak » »(rénovations, réparations, nettoyage), l'achat du matériel nécessaire pour la saison (ustensiles, vaisselle) et par qui.

Cette réunion est aussi le moment de régler les comptes financiers de l'année passée , c'est le moment de « mujeko gasna ». Ceci consiste à la vente en basse Soule du premier fromage. Le bénéfice est partagé équitablement entre les bergers, mais en général l'argent récolté est aussitôt redonné au « banquier » qui réglera les diverses assurances .

 

Le second fromage est d'habitude offert au garde forestier. Toutes ces transactions finies, on organise le troupeau et l'on fixe la date pour la transhumance.

Fin avril début mai, en général pour la st Marc, les brebis laitières monteront les premières. Elles seront suivies par les agneaux et les brebis non-laitière, quand les pâturages supérieurs seront déneigés.

Après la bénédiction du troupeau par l' « etxékandere » avec un rameau de laurier, celui-ci rejoindra les « olhak » du bas. Le troupeau restera quelque temps au « olha pekoa » (cabane du bas), et à la fonte des neiges, passera au « olha artekoa » (cabane intermédiaire) pour finir au « olha gagnekoa » (cabane du haut). D'après « la coutume de Soule », cette zone pastorale ne pouvait être occupée que à la période entre le jour de « septem fratrum » (st Christophe 10 juillet) et de la fête de st Pierre ( 31 juillet) . Certains « olhak » (ensemble de olha) détiennent soit deux ou trois « olhak ». En général « artzaina » passe directement du « olha pekoa » au « olha gagnekoa », l'intermédiaire servant de cabane pour les brebis.

Le troupeau est composé des différentes parts des bergers. Une part ou « txotx » est évaluée à une soixantaine de bêtes. Mais certains « artzainak » plus pauvres avaient des demi-parts (« txotxerdi ») ou des quarts de parts (« karta »). Ces derniers se regroupaient pour former des parts entières. La détention des parts influe sur le partage des fromages en fin de saison. La propriété de parts donne au berger la jouissance de tous les « droits du cayolar ». Le « bulta » est le terrain ou peu paître le bétail. L'histoire dit que pour le limiter le berger devait jeter une hache depuis le « olha» . La distance ainsi obtenue était le rayon du « bulta » (propos de j b Borthiry Larrau)

Dans le cadre de « artzanbide » l'organisation du travail au « olha » est mise en place. « Aldikatzen » (à tour de rôle) six bergers vont cohabiter durant toute la saison dans le « olha ». Chacun aura une tache journalière définie, et ce rôle sera différent chaque jour, du plus humble au plus prestigieux.

1) « Neskato » la servante, nettoie le olha participe au lavage des bidons de lait et de la vaisselle

2) « Axurzain » est le gardien des agneau

 3) « Antxuzain » quant à lui, garde les brebis non-laitières. En général celles-ci sont marquées à la peinture pour les différenciées

 4) « Artzain muthil » L'aide berger, aide à la garde et au ramassage en fin de journée

 5) « Artzain nausi » Maître berger, rassemble les bêtes et les trait

 6) « Etxekandera »La maîtresse de maison, c'est lui qui fait le repas et les fromages

 Chacun passera à tous les rôles et dans un rythme défini. Ce concept d' « aldikatzia » (remplacement sériel) maintien au sein du «olha » une hiérarchie égalitaire entre tous les bergers.

« Aldikatzia » est, d'après d'anciens bergers, appliqué même à l'organisation du couchage pour la nuit. Ainsi, dormait au bord du lit le premier levé, « etxekandere ». Ensuite, venait «neskato» puis «axurzain », «artzain muthil » etc…

Dans les vieux «olhak » Souletins, on retrouve encore les niches faisant office de rangement. Ces petits casiers ne comportaient pas de porte, et se trouvaient à proximité du couchage. « Artzaina » y rangé entre autres les objets bénis : L'eau dans une petite fiole, le laurier et la bougie, mais aussi ses affaires personnelles.

La mise au séchage des fromages demandait une organisation identique. « Unguru » signifie rotation, le stockage des fromages impose « unguru », une rotation dans le séchoir. Placés sur des étagères, les fromages étaient stockés à tour de rôle de fabrication de droite à gauche, et de bas en haut.

Dans certains « olhak », le terme de « aldikatzia » est aussi utilisé pour le stockage des fromages.

Le pays basque, comme le reste de la chaîne, a connu un régime matriarcal mettant la femme en position égalitaire à l'homme. On retrouve dans l'organisation du « olha » cette reconnaissance de la femme. Ainsi, on peut remarquer que les rôles intérieurs du « olha » Neskato et etxekandera ont une appellation féminine et que les rôles extérieurs sont purement masculins.

Cette reconnaissance du matriarcal se retrouve à l'importance donnée au travail de l'«etxekandere ». La maîtresse de maison fabrique le fromage, et tout le déroulement est comparé à la mise au monde d'un nouveau né, la présure au sperme, le sang de la femme avec le lait et le fromage avec le nouveau né…

La comparaison entre la fabrication d'un fromage et celle d'un nouveau né n'est pas d'aujourd'hui ! « Aristote » l'a déjà décrite et elle a été signalée plusieurs fois en Europe (travaux de Sandra Ott). Et puis! ne dit-on pas en Soule « gatzatu » pour concevoir l'enfant mais aussi pour cailler le lait !.

La grande indépendance donnée aux Souletins (port d'armes, pas d'obligations serviles, privilèges fiscaux etc. ) dès le moyen âge imposa une gestion des terrains communaux montagnards.

Autrefois par le « silviet », la gestion est organisée actuellement par le « Syndicat de Soule ». Composé des représentants des 43 communes de la Soule il administre près de 15000 ha de pâturage et forêt réparti entre 70 « olhak » environ. Chaque « olha » est détenteur du « bulta ». Dans cette zone pastorale, les bergers membres du « olha » bénéficient de la libre jouissance et du libre parcours des pâturages ainsi que la possibilité d'utilisation du bois. Ces limites géographiques entre « olhak » étaient souvent sources à conflits entre « Artzainak » des divers « olhak» . Il existait en Soule un moyen d'éviter le conflit : « xikito» » .

Ceci consiste à un duel verbal entre deux bergers, à une joute oratoire à coup de quatrains obscènes dont chaque vers se termine par le mot crié xikito ! ! ! et qui signifie : châtré ou eunuque

D'après JB Borthiry, xikito se pratiquait entre « olhak » sous forme de jeux pour taquiner les voisins.

 « il fallait pas être trop délicat ! on se disait des bêtises ! le soir après le « pastex » on avait un moment de détente, on se passait les « xikito » .

Nos ancêtres ne voulaient même pas dans les bistrots et même pas entre premiers voisins ! il fallait avoir de la retenue ! "

 Exemple de « xikito »

ENVOI :
Gerezi beltchjan diat ..................J'ai mangé des cerises noires
Kakeria badiat ...........................j'ai la chiasse
Ichilik egoiten ezpahiz ...............si tu ne te tais pas
Ahula egiten deiat ......................je te fais dans la bouche
Xxiikkitooo ! ! ! ! ! ! ! ................eunuuqueee ! ! ! ! ! !  
 
Réponse :
Hacheria duazu bere chilotik .......le renard sort de son trou
Jarraiki zakitzo ondotik .............suit le par derrière
Haboro jakin nahi baduzu ...................si tu veux en savoir plus
Zar zakitzo usku zilotik ...........................rentre lui dans le trou du cul
Xxiikkitooo ! ! ! ! ! ! !................... eunuuqueee ! ! ! ! ! ! ! !

Un des droits reconnu par la coutume de Soule est le droit de «carnal ». Il autorise la confiscation de bêtes d'un « bulta » voisin venant pâturer ou boire dans un autre « bulta ». Peu usité par les Souletins, il fut par contre source de querelles avec nos voisins Navarrais.

JB Borthiry me conta l'histoire du fils « ustarbe » qui surprit les brebis espagnoles versant Français. Il y eut avec l'autre berger une discussion qui finit aux mains. Le fils « ustarbe » prit le dessus, et laissa le berger espagnol au sol, le visage ensanglanté, comme mort. Quelque temps plus tard, renseigné sur le fils « ustarbe », le berger espagnol avec des compagnons, traînaient dans les environs de la ferme dans l'intention de représailles. Le fils « ustarbe » prit peur et migra aux états unis. Cette histoire rappelle le fameux conflit entre Pierre Sansoler et Pedro Carrica pour la source de l'Arlas, origine de la « junte de Roncal ».Le serment de « Pikatua » rejoint l'idée de la junte de Roncal. Vers la fin août, cette « facerie » rappelle les accords frontaliers, les devoirs de chacun pour le respect de tous.En 1980 une « facerie » eut lieu avec le syndicat de cize, mais celle-ci ne dura que deux ans.

 Le berger dans sa montagne vaquait à ses occupations, de très tôt le matin jusqu'au couché. Il trouvait toutefois le temps de se détendre, de rivaliser avec d'autres bergers de « olhak » voisins et parfois même contre les bergers espagnols.

 Ainsi sont né les « jeux de force basque » et peut être les divers jeux de pelote pratiqués actuellement. Joué jusqu'aux années 30,« bota lusia » fut pratiqué intensivement par le berger Souletin.

De nombreux « pelotakagiak » ou aires de jeux existent encore dans les montagnes de Soule. Elles furent les témoins de parties ardentes entre les bergers des différents « bulta ».

Jouées cinq contre cinq sur un terrain relativement plat et en général situé sur un col, il s'agissait de faire franchir à la pelote une ligne médiane. Matérialisée par une branche de rameau ou un morceau de bois cette ligne se déplace dans l'aire de jeux en fonction de l'évolution de la partie. Pour le but qui se situait toujours dans le même coté une pierre plate était utilisée.

Dans certains sites, on a même retrouvé deux pierres pour l'engagement, et d'après Pierre Sabalo (mémoire de la pelote Basque de jakes Casaubon et pierre Sabalo), il penserait à deux « bota harri » ou butoirs pour droitier et gaucher.

La balle en peau de mouton et bourrée de laine permettait un jeu à la volée limitant les risques de perdre celle-ci dans les pentes de la montagne.De véritables championnats opposèrent français et espagnols. L'imagination ne manquant pas, les bergers ont su créer d'autres formes de jeux.« Urdanka », le jeu du cochon, consiste à mettre une boule en bois de châtaignier avec une crosse de la même matière dans des trous gardés par les adversaires. Avec un trou de moins que de joueurs, on retrouve l'esprit de la « chaise musicale ».Le gardien du cochon, « urde zaina », doit quitter sa place en gagnant le trou d'un des joueurs placés sur le périmètre du cercle de l'aire de jeu. Dans sa démarche, il peut être appuyé par un autre joueur. Le manche de la crosse dans le trou signifie que celui ci est occupé.On peu se douter que certaines parties furent très physiques, à la limite de la dispute.

 Le berger pratiqua le combat de béliers, le lancé de la hache (origine sûrement de l'implantation du « bulta ») mais aussi des activités beaucoup plus calmes . Pratiqué essentiellement par mauvais temps, donc à l'abri dans le « olha », « ardia eta otsoa » le loup et l'agneau est comparable à une forme de jeux de dames. Ce jouant à deux, le but du jeux est de faire passer vingt agneaux dans une bergerie gardée par deux loups.De toutes ces activités, il reste un témoignage vivant et toujours d'actualité à "Ahusquy".

Le premier dimanche âpres le quinze août de nombreux jeunes se retrouvent dans ce site merveilleux pour s'affronter dans différentes épreuves physiques : Lancé de barre, sauts , course à la montagne

Les jeunes bergers (axurzain) faisaient les frais de certains jeux ou amusements de leurs aînés.« Huntz biltzen », ou ramasser le hibou.Sur st Engrâce, on demandait au jeune berger muni d'un sac d'attraper un hibou à l'extérieur. À peine avait-il franchi le seuil que les aînés l'arrosaient d'eau copieusement en criant « huntz biltzen ! ! ! ! ! ».

Jb Borthiry me raconta une version différente ,mais aussi d'autres plaisanteries dont furent victimes les jeunes apprentis ( voir dans les histoires)

Toutes ces occupations se pratiquèrent plus aisément en fin de saison d'estive. À partir de la st Madeleine le 22 juillet la traite s'arrêtait . Les troupeaux descendaient pour la tonte et remontaient prendre possession de la montagne jusqu'a la fin de l'été , ou , l'apparition du mauvais temps. Cette période ,ne nécessitait pas un effectif important pour la garde des brebis, et donnait plus de temps libres à "artzaina" qui l'occupait aux différents jeux.

la journée du berger

 

C'est le matin de très bonne heure , vers quatre ou cinq heures que débute la journée d'arzaina.

Le maître berger ,"artzan nausi" va donc récupérer les brebis dans leur aire de repos, "saia" . Le troupeau, est amené à l'enclos pour la traite à laquelle tous les bergers participent, à l'exception de "axurzain". Sont rôle de gardien d'agneaux consiste à récupérer les jeunes ovins dans leur enclos : "axurlogia". Celui ci se situe éloigné de l'enclos des adultes , et en général hors de leur passage . Le troupeau rassemblé, il les conduira paître par des trajets différents de celui des brebis. La garde des agneaux est le seul travail d' "axurzain". Il laissera , pour le temps du repas, le troupeau d'agneaux dans un endroit réservé: "axurteria". "Artzain nausi" le maître berger assisté de "artzain muthil" le valet du maître berger s'occupent de la garde des brebis et contrôlent les pacages. Il assure de la sorte la qualité du fromage qu'il aura à charge dans son rôle d' "etxekandere" au jour suivant. Les changements de rôles s'effectuent après la seconde traite , s'est à dire vers 18h00. "Etxekandere", assisté de "neskato" s'occupent de l'intérieur du "olha", du nettoyage , de la préparation des repas mais aussi de la confection des fromages et de leurs soins. Après la traite du soir, le berger ramène le troupeau pour une dernière broutée "arrats alha" avant de le rassembler pour la nuit. Vers 22h00 , la journée finie, le repos bien mérité attend "artzaina". c'est aux moments des repas que se retrouvaient tous les bergers, au casse-croûte du matin pour 9h00 à tour de rôle pour le midi , et tous ensemble pour le soir. Autrefois l'alimentation du berger se composait d'un « pastetx » (galette de mais et de blé) , de lard et de légumes . Dans certains « olhak » les bergers buvaient même le petit lait . En général, le berger se réservait le breuil et laissait le petit lait aux cochons sans toucher aux fromages car ceux-ci étaient leurs « gagne pain ».

Actuellement, le manque de main d'oeuvre demande une organisation différente. Les agneaux côtoient les brebis, la journée de repos , "hor uzkia" (le cul du chien) n'existe plus. Les bergers sont souvent seul, ou accompagnés de leur famille ou amis, et tournent par semaine complète. La saison de traite est beaucoup plus courte , et le cheptel moins important. L'accés des "olhak" est souvent praticable en 4+4, permettant l'humanisation du métier

 histoires de artzainak

 Jean Pierre Borthiry

me raconta qu'un jour, âgé de quatorze ans, les "ainés" l'envoyèrent garder les agneaux. Vous pouvez croire qu'il était un peu fier ! Un travail d'adulte pour un enfant, quel honneur!! Avant de partir "etxekandere" lui rappela les consignes:

" Veille bien au troupeau, et si tu t'assied sur la peau, pense à mettre le bâton en direction du olha!!".

Mais, que voulez vous , insouciance de la jeunesse pourtant responsabilisée, JP prit sa peau sur l'épaule et le bâton à la main , et le voilà parti dans la montagne , accompagné des agneaux dont il avait la charge. Ceux ci , sans leurs mères , vont de droite à gauche de haut en bas , en perpétuel mouvement. Il faut une attention constante mais aussi une santé à toute épreuve pour les suivre et gérer le troupeau. Celui ci, arrivé dans une bonne zone herbeuse se stabilisa et J pierre en profita pour étaler sa peau de mouton et s'asseoir.

C'est le pincement d'un agneau au mollet qui le réveilla. Le brouillard était tombé, un brouillard à couper au couteau, comme nous avons l'habitude de voir dans nos montagnes Basques. Le troupeau était là, à proximité de J-pierre. Celui ci regarda tout autour et vit le bâton au sol.

C'est à ce moment qu'il comprit l' importance du conseil de l'ainé , il était perdu sans savoir ou se trouvait le "olha"

 

 Histoire de BENTABER Alexis

 Autrefois, les anciens nous envoyaient chercher de l'eau à la source. Muni de seaux, il fallait parcourir quelques centaines de mêtres pour rejoindre la source du "olha" de "ouhounsaria".

Chaussé de sabots, nous empruntions un sentier caillouteux et cela, plusieurs fois par jour. De retour au "olha", au seuil de la porte, nous étions censé bénir l'eau en disant: "bénédikamos".

Seulement, moi je n'étais pas au courant, et au bout de nombreux voyages je commençais à m'énerver!!!. Heureusement, un ancien d'un "olha" voisin vit le manège et à la source m'interpela en me disant:

"vient petit!!!.je vais te montrer ce qu'il faut faire!!"Il prit les seaux , les remplit et mit dans chacun une poignée de crottes de brebis.Ceci fait, il me les rendit en me disant:

"En rentrant dans le olha n'oublit pas de dire à la porte bénédikamos!".

Je pris donc les seaux pleins, d'eau et de ...... , et fis le chemin du retour. Au seuil de la porte , les seaux à bout de bras je répétais le fameux mot "bénédikamos". L'ancien à l'intérieur répondit " domine"et me dit:

"Maintenant ton eau est bonne , tu peut rentrer!...."

Histoire de Bentaber:

 Les jeunes se faisaient des paris, et un jour, l'un de mes copains dit à un jeune berger d'un olha voisin. "Je paris que si tu monte sur l'arbre, tu sera descendu avant que j'ai donné trois coups de hache!". Le jeune, sur de lui, prit le pari et monta sur l'arbre tel un écureuil. Là, bien accroché sur son promontoire, il dit à mon copain " vas y!!! donne tes trois coups de hache!!!!". Mon copain prit la hache, donna un premier coup, puis un deuxième.Le jeune , toujours accroché aux branches , souriait et savourait sa future victoire. Mon copain à ce moment me fit un clin d'oeil et me dit: "À la jinkoa ! il faut que j'aille traire les brebis !!!......". Sur ce, il posa la hache et s'en alla vers l'enclos de traite en laissant le jeune sur son perchoir. Celui ci comprit qu'en fait le troisième coup , il le donnerait plus tard !!, oui, beaucoup plus tard!!!!!. Il cria un bon moment, "viens donner se coup de hache!!!!" . Mais avec le temps il dut reconnaitre la supercherie et descendit de l'arbre vexé de s'être fait avoir comme ...un "jeune"

 

 histoire de jean pierre Borthiry

Jean bathiste me raconta le jeux du hibou appelé ici "Huntz biltsen" . Il s'agissait de faire monter un jeune apprenti berger sur le faitage du olha , et cela à la nuit tombante. Muni d'une cape, celui ci était censé attraper un hibou qui passerait à proximité. En fait de hibou , les anciens étaient au pied du olha , bien caché à la faveur de la pénombre. L'un imitait le hibou tandis que l'autre jetait des petits bardeaux pour imiter le passage du volatile . Ainsi , le jeu durait le temps que le jeune se rende compte de la supercherie. Et comme dit JB il faut bien s'amuser quand même!!!!!

 

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Autres infos sur le berger Souletin: http://membres.lycos.fr/abarka/site_abarka/curiosites/irrintzina.htm